C’est LE film à voir pour se consoler en ces temps moroses. Après une longue absence, la réalisatrice des Autres filles (2000) revient avec une comédie qui rend heureux, portée par Laure Calamy que les amateurs de la série Dix pour cent connaissent bien et qui s’impose comme la comédienne la plus surprenante du moment, avec un registre de jeu étendu.
Antoinette est une institutrice fantaisiste qui fait chanter Amoureuse à ses élèves au spectacle de fin d’année, tandis qu’elle les accompagne au clavier, vêtue d’une robe moulante et décolletée en un drapé sexy comme la fameuse robe lamée de Marylin. Dans la cour de l’école, les parents sont médusés. D’entrée, le film nous fait sourire et ne cessera de nous étonner. Antoinette est amoureuse de Vladimir, son amant, le papa de l’une de ses élèves. C’est la fin de l’année, les vacances se profilent mais la promesse qu’il avait faite à Antoinette de passer huit jours avec elle est remise en question. Sa femme les a inscrits pour une randonnée en famille dans les Cévennes, avec un âne. Qu’à cela ne tienne ! Antoinette décide de le rejoindre et de faire également ce chemin mythique de Stevenson, le GR70 que l’écrivain écossais avait réalisé avec une ânesse, en 1878. La déception est grande pour Antoinette de ne pas trouver son Vladimir dans le premier gîte où elle fait étape. Très cruel également avec elle est cet âne qui l’accompagne et qui n’obéit pas à ses ordres, n’avance pas… une vraie tête de mule ! Et s’imposera dans le film comme un véritable personnage.
Une « comédie romantique entre une fille et un âne », voici comment Caroline Vignal qualifie son film avec Laure Calamy parfaite dans l’autodérision, à la hauteur de l’envie de la réalisatrice « d’un personnage féminin qui soit un peu ridicule et largué, et qui, dans le même temps, nous touche, nous embarque dans sa détermination et, finalement, son courage … » Elle est une héroïne sur ce GR70, marchant sur les pas de Stevenson, et motivée comme il l’était par l’amour. Les randonneurs sont de tout cœur avec elle tandis qu’elle détonne avec ses talons et sa mini-jupe et qu’ils discutent vêtements « techniques ». Et lorsqu’elle retrouve Vladimir, la comédie prend un tour des plus réjouissants. Benjamin Lavernhe, avec un côté lunaire et désarmant, sauve son personnage masculin qui pourrait passer pour un lâche, au cœur d’un vaudeville dont Antoinette et lui n’ont pas les clefs.
Avec un sens maîtrisé du burlesque, Laure Calamy accomplit son périple initiatique avec son âne du nom de PATRICK qui fait le sel de nombreuses scènes désopilantes. Riche de surprises, le film joue avec les genres : l’audace d’un plan inspiré de Blanche-Neige, une rebouteuse à cheval comme échappée d’un Western, ou encore Antoinette, figure christique, assise sur son âne, faisant son entrée en ville sous les vivats de la foule, les rênes tenus par un biker au cœur tendre, une sorte de Dean Martin à la voix de crooner, qui, le temps d’une chanson, nous embarque dans l’univers des romances américaines des années 50. Un vent de liberté souffle sur ce film qui donne envie de marcher dans ces beaux paysages des Cévennes sur les traces d’Antoinette à la conquête d’elle-même.