C’est le film que l’on attendait ! Un film salutaire, nécessaire, urgent ! Peut-être apportera-t-il des réponses à des parents orphelins de leur enfant parti faire le Jihad, peut-être sera-t-il utile à des adolescents border line, prêts à se laisser embrigader ?
Déjà fort douée pour parler des adolescents, dans son excellent précédent film, Les Héritiers, la réalisatrice nous impressionne de nouveau avec ce film dans lequel elle s’intéresse aux jeunes filles djihadistes, le sort des garçons étant plus souvent traité par les médias. Nous retrouvons Noémie Merlant et Naomi Amarger, révélées dans Les Héritiers. L’une interprète Sonia, une jeune candidate au Jihad, arrêtée à l’aéroport avant de prendre l’avion pour la Turquie et l’autre joue Mélanie, douce jeune fille en deuil de la mort de sa grand-mère et qui recevra par les réseaux sociaux un gentil message d’un jeune homme dont elle succombera au charme. C’est un « prince ». Il est beau, il l’aime et lui envoie des vidéos édifiantes sur le déclin de notre société, elle qui aimerait être utile à tant de causes que les adolescents prennent à cœur, sans trouver le moyen d’agir. La jeune Naomi va apprendre quelques mots d’arabe, apprendre à faire ses ablutions, prier, draper le hijab sur ses cheveux et entrera en conflit avec sa mère. Le violoncelle dont elle jouait est relégué dans un cagibi. Sa mère est jouée par Clotilde Courau. Le lien entre les personnages se tisse à mesure que film progresse. Il est très intelligemment construit autour du parcours des protagonistes et ménage des surprises avec d’intenses scènes d’émotion qui se jouent entre les adolescentes et leurs parents. Ceux de Sonia, interprétés par Zinedine Soualem et Sandrine Bonnaire sont des blocs de douleurs, sidérés de n’avoir rien vu ni deviné de la métamorphose et des desseins de leur fille. Aucun parent ne soupçonne dans quel piège tombe leur enfant. Comment le pourrait-il dans ce jeu de la dissimulation ? Une séquence inaugurale est édifiante sur ce point, avec Dounia Bouzar dans son propre rôle et qui a heureusement accepté de participer à ce film.
Film glaçant qui rompt avec les clichés, il témoigne de la facilité avec laquelle les adolescents peuvent être séduits et manipulés. Le danger n’est pas dans les mosquées mais sur Internet où circulent les messages propagandistes dans des vidéos extrêmement bien faites ; théories du complot, images chocs sur des sujets sensibles. En mal d’idéaux, avec la fougue et l’enthousiasme propres à l’adolescence, il est facile de les endoctriner. Les recruteurs au Jihad surfent sur la vague d’une jeunesse en mal de rêves et d’utopies. Le danger n’est pas dans les quartiers, ni dans les familles musulmanes, « la moitié des jeunes filles embrigadées sont des converties issues de la classe moyenne, voire supérieure ». Le film sera projeté dans les collèges et les lycées. Espérons qu’il décillera les yeux de nombreuses jeunes filles et les empêchera de passer à l’acte.