Acteur de films populaires, Clovis Cornillac passe lui-même à la réalisation et signe un film drôle, bien écrit et pétillant, prouvant qu’il est possible de faire une comédie intelligente et tout public. Il a su impulser le rythme des comédies américaines qui l’ont inspiré. Derrière et devant la caméra, il a pour partenaire Mélanie Bernier qui tient ici le premier grand rôle de sa carrière, un choix judicieux comme l’est tout le casting.
Lilou Fogli, comédienne et compagne de Clovis Cornillac est à l’origine de ce scénario qu’elle a écrit d’après sa propre expérience. Et l’histoire fait mouche. Qui n’a pas vécu ou ne vit pas dans un appartement avec un mur contigu à celui de son voisin, si fin que tous les bruits s’entendent, de la musique à celui de la chasse d’eau ? Lilou Fogli a vécu une telle situation et pour ce qu’elle entendait, elle a fini par fantasmer sur son voisin. Triste déception lorsqu’elle le vit en vrai. D’une situation banale, la scénariste a extrapolé une histoire charmante avec comme personnages, un inventeur de casse-têtes misanthrope et une pianiste mal dans sa peau, inadaptée sociale qui doit passer un concours. Dans ce quartier parisien où les immeubles s’emboîtent, sans qu’il soit possible de deviner dans lequel exactement habite son voisin, le film évolue sur les rapports entre les deux personnages, chacun d’un côté du mur de son appartement, et évolue sur des registres de la pure comédie, allant de la joute verbale, au burlesque de situation, en progressant vers une curiosité réciproque et vers la situation improbable d’une vie de couple lié seulement par les dialogues et les bruits de la vie de tous les jours. C’est drôle et l’enjeu du rapport de couple qui ne s’est jamais vu et échange sans jamais se voir, est tenu tout le long de film de manière vraiment réussie. Cerise sur le gâteau, un dîner à quatre, Machin et Machine comme ils s’appellent, avec sa sœur pour l’une et son meilleur ami pour l’autre, le mur les séparant. Dans le rôle de la sœur, Lilou Fogli, avec son peps qui nourrit la comédie et dans celui d’Artus, l’excellent Philippe Duquesne, nounours tendre un peu gainsbarrien. Au jeu auquel se livre Machine dans la quête de qui peut bien se cacher derrière Machin, à quoi peut-il ressembler, la rencontre d’un italien d’une classe folle avec un charisme naturel de séducteur, joué par Boris Terral, entraîne le film sur une fausse piste jubilatoire. D’après Clovis Cornillac, le charme des comédies romantiques américaines tient beaucoup à une belle esthétique ; les acteurs sont beaux, les décors également en un tout cohérent qui fait rêver. Le moteur de son film était celui-là. Faire rêver et donner envie de tomber amoureux. On pensera à Coup de foudre à Nothing Hill ou bien à Quand Hany rencontre Sally, et plus près de nous, Happiness Therapy. Conte d’aujourd’hui invitant à une réflexion sur le bonheur, le couple, la communication, le pouvoir de se réinventer par le biais de l’imagination, on souhaite du succès à Un peu, beaucoup, aveuglément qui est l’une des comédies les plus réjouissantes que nous ayons vues ces derniers mois.