Critiques de livres

Le livre Couleurs de l’incendie
Couleurs de l’incendie
un roman de Pierre Lemaitre

Il n’est pas obligatoire d’avoir lu Au-revoir là-haut, Goncourt 2014, pour apprécier ce nouveau roman de Pierre Lemaitre qui en est la suite. Certes, la famille Péricourt fait encore parler d’elle et l’action se déroule dans les années 30 mais il n’est plus question ni d’Albert Maillard, ni d’Édouard Péricourt et pour cause, Au-revoir là-haut s’achevait sur son suicide tragique.

Dès les premières pages, Lemaître fait montre de son talent de raconteur d’histoires avec les obsèques en grandes pompes de Marcel Péricourt, mises à mal par un grand charivari. On reconnaîtra l’humour de Lemaitre, son sens de la situation et son regard ironique porté sur le « bourgeois ». Cette entrée en matière fracassante ferre le lecteur comme le début d’Au-revoir là-haut l’avait rivé à cette histoire pleine de cris et de fureur de la Grande Guerre.

Si les hommes étaient au cœur d’Au-revoir là-haut, ici, ce sont les femmes qui mènent la danse, précisément Madeleine Péricourt, la fille de Marcel Péricourt dont elle est la seule héritière d’un empire bancaire et donc la proie de la jalousie et de la convoitise. Trahie, manipulée, ruinée, elle va s’appuyer sur l’aide de la ravissante et troublante Léonce dans une histoire de vengeance machiavélique dont le scénario donne d’ores et déjà l’envie de le voir porté à l’écran. Deux autres femmes font le piquant de ce roman, Solange, une diva italienne qui n’a rien à envier à La Castafiore, et surtout pas sa corpulence, et Vlady, une jolie polonaise qui n’a pas froid aux yeux, embauchée pour s’occuper de Paul, le fils de Madeleine et petit fils de Marcel Péricourt. Le jeune garçon va découvrir l’opéra et lui vouer une passion sans limite à laquelle Solange le lui rendra au centuple, tandis que Paul grandit, que la crise de 29 fait l’effet d’un tsunami sur la société française. Le nerf de la guerre qui se joue dans ce roman est l’argent et la presse, avec un scandale de fraude fiscale organisée et la corruption d’un journaliste très influent. En ces années-là, on construit des avions, l’influence de la publicité devient grandissante et c’est la naissance de la technocratie. C’est une société en marche vers son avenir que Lemaitre décrit, avec son habileté à tricoter des intrigues à rebondissements, avec la même verve feuilletoniste que Dumas, son maître comme il l’appelle. Et c’est l’Histoire aussi qui avance à grands pas, avec la menace de l’incendie qui va se propager en Europe et qui se profile déjà, en Allemagne où le parti nazi fait fureur. On a hâte de lire le troisième tome de la trilogie de Pierre Lemaitre. Son dernier roman devrait se passer pendant la seconde guerre mondiale et l’on y retrouvera la petite Louise qui apparaissait à la fin d’Au-revoir là-haut. À moins d’une panne tragique d’inspiration, on se réjouit d’avance.

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