Critiques de livres

Gilles Paris
Le vertige des falaises
un roman de Gilles Paris

L’Autobiographie d’une courgette s’est rendue célèbre pour sa version cinématographique. Gilles Paris est l’auteur du livre éponyme et il est heureux que Céline Sciamma l’ait rappelé lors de la remise des Oscars. Gilles Paris a sans doute gardé son âme d’enfant pour savoir si bien les faire parler dans ses romans dont ils sont les héros comme dans Papa et maman sont morts, Au pays des kangourous ou encore L’été des lucioles.

L’héroïne du Vertige des falaises est une adolescente de 14 ans. Une étape pour Gilles Paris ? Sans doute. La dimension romanesque de son nouveau roman ne pouvait passer par le truchement d’un récit à hauteur d’un enfant de neuf ans. Le langage aurait été trop limité. Marnie est le personnage pivot de l’histoire qui, tel un feu follet, est partout où elle ne devrait pas être, observatrice, toute ouïe au monde qui l’entoure. Elle est espiègle, plutôt garçon manqué, audacieuse et détentrice de lourds secrets que Gilles Paris va dévoiler à mesure de son roman qui, de fait, se dérobe à l’analyse et au résumé au risque d’en éventer l’intrigue… les intrigues.

Car la bonne idée de Gilles Paris est d’avoir campé son histoire dans une grande demeure de verre et d’acier, ouverte à tous les regards, de surcroît en hauteur, sur une île. A priori, tous les critères sont réunis pour que règne la transparence sur les faits et gestes de la famille de Mortemer. Les hommes sont absents. Restent Olivia, la grand-mère, qui est de ces femmes à la classe naturelle, belles et dignes en toute circonstance et Rose, sa belle-fille, la maman de Marnie, grande amoureuse et fan des films hollywoodiens. Sur la grande demeure, règne une gouvernante du nom de Prudence qui semble échappée de Rebecca de Daphné du Maurier dont Gilles Paris est un fervent admirateur comme il l’est des films de Hitchcock. Très cinéphile car très visuel, il explore le langage dans ce sens, dans ses fulgurances et sa poésie, se plaisant à utiliser les expressions au pied de la lettre. Gilles Paris cisèle ses phrases. Son style est admirable, épuré, allant à l’essentiel et rien n’est insignifiant. Roman chorale, chacun des personnages s’exprime avec justesse et à mesure de la lecture, la petite musique des mots et de la pensée de chacun s’installe et chacun existe avec son phrasé propre.

Vingt versions différentes ont préexisté à cette version définitive. Des personnages se rajoutaient et la construction devait changer par conséquent et l’intrigue de gagner en complexité et les nœuds de se resserrer et de provoquer la stupeur, l’étonnement, l’effroi de lire que derrière les murs de verre de cette grande maison aient pu se dérouler des événements si tragiques. Et c’est un vertige qui saisit le lecteur, face à l’abîme des surprises en cascade qui s’offrent à lui et quand il croyait à la réalité de certains événements, voici que ceux-là étaient affabulation et des personnages des chimères. Thriller, saga familiale, roman fantastique, roman d’apprentissage des premières amours, des premiers émois, du deuil, roman psychologique dont la géographie, la météo et la nature environnante sont un miroir de l’âme, Le vertige des falaises est d’ores et déjà prévu pour être adapté ; une gageure pour le scénariste. Nous espérons qu’il sera à la hauteur de ce roman d’une grande richesse dont on craint qu’il ne retienne que la seule dimension du thriller, certes passionnante mais pour le moins réductrice.

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