Critiques de livres

Le livre Tout s’est bien passé
Tout s’est bien passé
un livre d’Emmanuèle Bernheim aux éditions Gallimard

« Je veux que tu m’aides à en finir. » dit le père à sa fille qui ne reconnaît plus dans ce vieillard paralysé, l’homme à l’intelligence vive, indépendant, cultivé et qui peut à peine parler. « J’arrive » sera la réponse de sa fille. Témoignage autobiographique, ce récit écrit à la première personne conjugue la distance et l’émotion sans jamais verser dans le pathos.

La mort assistée a fait l’objet d’un beau film, Quelques jours de Printemps, signé Stéphane Brizé. Les personnages y étaient tout en retenue, avec une difficulté à communiquer ; film austère mais sensible. Le livre d’Emmanuèle Bernheim est un défi littéraire à ce sujet plombé et difficile car il le traite en alliant l’humour au rocambolesque. Difficile de croire que tout est vrai !

Tout s’est bien passé se lit comme un roman, alignant les péripéties. L’auteur en est estomaqué elle-même lorsqu’elle se retrouve dans une situation digne d’un film noir. Alors que son père, planqué dans une ambulance, attend pour prendre la route vers la Suisse, elle est emmenée dans un commissariat et se retrouve face à une femme flic, belle grande et blonde, soumise à un interrogatoire serré sur sa participation active à l’organisation de la mort de son père. Sa sœur est interrogée dans un autre bureau. Finalement, la capitaine Petersen dira, en embrassant les deux sœurs : « Faites ce que votre cœur vous dit ». Pour l’auteur de scénarii qu’est Emmanuèle Bernheim (Sous le sable ou 5 × 2 d’Ozon), la réalité dépassait la fiction.

Ce livre est tonique. Les scènes s’enchaînent en des phrases courtes. Les personnages ne donnent pas dans le pathos. C’est l’action qui domine. L’introspection et les doutes ne sont pas permis devant cette volonté inconditionnelle du père d’Emmanuèle Bernheim de mourir dignement, après un AVC lui ayant laissé des séquelles. Point de déclarations sentimentales, point de larmes… demander à sa fille de l’aider à en finir est la preuve de sa confiance en elle et de son amour. « Ce n’est plus moi » dit-il, les larmes aux yeux. Elle et sa sœur vont aider André Bernheim, malgré toutes les difficultés que cela représente, sans compter l’incompréhension de certains proches qui vont leur mettre des bâtons dans les roues ! Mourir comme j’ai vécu ! Tel semble avoir été la devise du père d’Emmanuèle Bernheim. Homme de culture, homme curieux de la vie à la personnalité pour le moins originale, André Bernheim avait besoin de contrôler sa mort en toute conscience et d’en faire un événement. Une exigence de liberté à laquelle ont répondu ses deux filles… et ce livre est lumineux, joyeux-même.

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