Critiques de films

Affiche du film Hors Normes
Affiche du film Hors Normes
Hors Normes
un film d’Éric Tolédano et Olivier Nakache

D’Intouchables au Sens de la Fête, leurs films surprennent et créent l’événement. Hors Normes a inauguré le festival de Cannes 2019 où il a mérité la standing ovation à la fin de la projection. Ce film concentre les obsessions qui traversent leur cinéma et les porte à un niveau d’incandescence, les duos improbables, le groupe au travail et le milieu associatif.

Cela fait 20 ans qu’ils avaient ce projet en tête, depuis qu’ils étaient moniteurs de colonie de vacances et avaient rencontré Stephane Benhamou. Créateur du « Silence des Justes », Stéphane avait besoin d’un petit film pour communiquer sur son association dans l’espoir de récolter fonds et soutiens. Avec leur petite caméra, Tolédano et Nakache ont alors également rencontré un jeune éducateur, Daoud Tatou. Plus tard, en 2015, ils ont réalisé un documentaire de 26 minutes pour Canal+ intitulé On devrait en faire un film. C’est chose faite ! S’ils avaient voulu inventer les personnages de Stéphane et Daoud ils auraient craint d’en rajouter, d’être dans le faux, alors que la réalité dépasse la fiction. Restait à trouver les comédiens idéals pour les interpréter et qui sachent s’effacer derrière leur personnage, eux-mêmes oublieux de leur personne en étant dévoués corps et âme à leur mission. Vincent Cassel et Reda Kateb sont impressionnants dans leur rôle et se sont mis au service de la cause défendue dans ce film, celle des enfants et adolescents autistes ingérables par les institutions existantes qui, de fait, sont demandeuses de l’aide d’associations comme celles de Bruno et de Malik. Le problème est que Bruno est la cible d’inspecteurs qui ne voient pas d’un bon œil le fonctionnement de son association à la limite de la légalité et qui est cependant profitable, mettant en relation des jeunes qui ne communiquent pas ou peu, qualifiés de « cas hypercomplexes » avec des jeunes qui ne communiquent plus. Les jeunes autistes sont encadrés par des jeunes de quartiers difficiles, en manque de repères, des référents qui sont eux-mêmes encouragés à s’épanouir, lâcher les murs de leur cité, « agir » pour « être ». C’est la magie du cinéma de ces deux réalisateurs que de créer des duos étonnants et d’avoir réuni un casting mêlant comédiens en herbe et adolescents ou jeunes adultes présentant des troubles autistiques.

Toutes les scènes du film ont été vécues dans la réalité. Hors Normes est mené tambour battant, comme un film d’action, rendant sensible l’état d’urgence permanent dans lequel sont Bruno et Mehdi. Faire un film sociétal à suspens est un tour de force. En deux-trois répliques, un détail, une situation et les personnages sont campés, existent, éveillent l’empathie du spectateur. On s’inquiète du devenir des jeunes autistes, de celle de l’association de Bruno, on écoute avec émotion Hélène Vincent, personnage de mère courage, porte-parole bouleversante de la détresse des familles, on éprouve de la sympathie affectueuse pour Bruno que ses proches veulent absolument voir marier en le soumettant à des speed dating version juive orthodoxe et ainsi le film avance sur le fil tendu entre larmes et sourires … entre sentiment de révolte contre le sort réservé à ces jeunes hors normes et sentiment d’admiration pour le don d’eux-mêmes de Bruno et Mehdi, leur enthousiasme et leur force morale en toute circonstance. Film salutaire, Hors Normes devrait faire réagir les institutions compétentes, les ouvrir à plus d’humanité et d’imagination quant aux possibilités d’accompagnement dans la vie de ces jeunes qui n’y sont pas.

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