Critiques de films

Image du film Monsieur et Madame Adelman
Photo Doria Tillier, Nicolas Bedos © Les Films du Kiosque
Monsieur et Madame Adelman
un film de Nicolas Bedos

On savait Nicolas Bedos doué. Ses chroniques font mouche, talentueux faiseur de bons mots et de bons textes. Son entrée dans la cour des réalisateurs est plutôt une réussite. Les téléspectateurs du Grand Journal ont assisté à la naissance de leur collaboration, sur le mode explosif. De l’art de régler leurs comptes sur les médias, à l’écriture commune de ce film, Nicolas Bedos et Doria Tillier forment aujourd’hui à l’écran ce couple Adelman détonnant.

Amis depuis fort longtemps, ils se plaisaient à écrire des sketchs et à inventer des histoires, improvisant des situations et des personnages différents et à tous les âges. L’élan était là et la possibilité d’incarner 45 ans de la vie de M. et Mme Adelman, avec les deux protagonistes qui vieillissent. Disons-le, ce n’est pas ce qui est le plus réussi dans le film, malgré les progrès des effets spéciaux et du maquillage. Le temps qui passe et les références aux changements d’époques et de politique l’est plus avec ses quelques touches, notamment les archives télévisuelles, la mode vestimentaire et le travail du directeur de la photographie. On sourit face à la satire d’une certaine gauche dite « caviar » et d’un milieu intellectuel que Nicolas Bedos a bien connu.

Le film est une métaphore de sa propre écriture. Sans Doria Tillier, point de film. Monsieur et Madame Adelman est un clin d’œil aux couples d’écrivains célèbres (Fitzgerald, Sartre et Beauvoir, St Exupéry) dont l’influence de l’épouse est essentielle à la création artistique. Mais jusqu’où cette influence s’exerce-t-elle ? Ayant grandi au milieu de femmes, sachant tout ce qu’il leur doit, Nicolas Bedos a voulu leur rendre hommage dans son premier film, faire le portrait d’une femme, raconter la femme derrière l’artiste, « la femme de l’ombre » qui entretient un rapport ambivalent avec la notoriété de son mari écrivain.

Le film commence sur le ton de la comédie, avec la rencontre en 1971 de Sarah et de Victor, un jeune homme fêtard, à l’humour corrosif. Puis la tendresse s’installe, ainsi qu’une tonalité plus grave à mesure de la maturité et de l’âge qui gagnent le couple. Infidélité, argent, séparation, réconciliation… maladie d’Alzheimer font partie de cette odyssée à deux. Bedos et Tillier visite le couple dans tous ses états et notamment la fâcheuse propension des intellectuels à projeter leurs désirs dans leur enfant qui doit être le plus beau et le plus intelligent mais la désillusion est amère.

La partie légère est la plus réussie avec les stratagèmes que déploie Sarah pour attirer l’attention de Victor puis une séquence hilarante chez ses parents où il est question des écrivains juifs. Film ambitieux qui s’en donne les moyens et dont le rythme ne faiblit pas, souvent brillant, c’est une belle histoire d’amour qu’il raconte, une histoire sur l’amour qui résiste et qui triomphe de tout. La fin est édifiante.

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