Critiques de livres

Bouche bée, tout ouïe…
ou comment tomber amoureux des langues
un livre d’Alex Taylor (éd. Jean-Claude Lattès)

Les auditeurs de France Inter connaissent bien la voix d’Alex Taylor avec son accent et son charme tout british. Ses livres sont emprunts de ce même charme et de son humour. Bouche bée, tout ouïe s’intéresse aux langues dans ce qu’elles ont de spécifiques. Pour Alex Taylor, il n’est pas possible de traduire une langue dans une autre langue sans perdre beaucoup du sens original. Ainsi, par exemple, ce simple mot russe « toska » exprime-t-il « cette grande angoisse spirituelle dans tout ce qu’elle a de profondeur désespérante qui vient de nulle part. Il s’agit d’une douleur sourde qui fait physiquement mal à l’âme ». Deux lignes sont nécessaires pour traduire un simple mot. La langue et la culture du pays sont intimement liées. Que penser des Japonais qui n’avaient pas de mot pour dire l’amour jusqu’à l’arrivée, au Japon, au 19e siècle, des romans sentimentaux occidentaux ? Pour Alex Taylor, l’humour français est inscrit dans la langue elle-même. Que d’expressions françaises sont-elles drôles et intraduisibles comme « Il est parti comme un pet sur une toile cirée », entre autres… Bouche bée, tout ouïe est un livre qui se lit avec beaucoup de plaisir car on y apprend de nombreuses curiosités sur les langues. Le oui et le non n’existent pas en mandarin et cette langue n’a qu’un seul pronom pour désigner le il, le elle et même l’indéfini. Les mots désignant les objets, en itsekiri, au Nigeria, ne sont pas les mêmes selon que l’on en parle le jour ou la nuit. Et le mauvais emploi d’un article peut avoir une conséquence inattendue. L’Histoire et ses événements marquants fait oublier les petits accrocs. Le 26 juin 1963, à l’occasion de l’anniversaire des quinze ans du pont aérien qui avait sauvé Berlin-Ouest, JF Kennedy, devant une foule nombreuse, déclarait « Ich bin ein Berliner ». Or, l’allemand ne met jamais d’article indéfini devant les adjectifs de ville. Kennedy a dit : je suis un beignet à la fraise recouverte d’une onctueuse couche de sauce vanille ! Plus sérieusement, Alex Taylor, souligne que le cerveau humain est fait pour apprendre très tôt les langues et perd cette capacité vers 10-11 ans. Le système scolaire qui veut que les langues soient introduites au collège lorsque les enfants ont cet âge-là est sans doute à reconsidérer.

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