Critiques de films

Image du film Nous trois ou rien
Nous trois ou rien — © Gaumont Distribution
Nous trois ou rien
un film de Kheiron

Connu pour ses stands-up, sa poésie et son rap, Kheiron est un passionné d’écriture depuis l’âge de 12 ans. Il a fait ses armes sur scène au Studio-théâtre de Stains où il pratiquait l’impro. Sur le tournage des Gamins où il avait un petit rôle, Kheiron a rencontré le producteur Simon Istolainen. Il lui a fait part de son projet de raconter la vie de ses parents débarqués d’Iran à Paris, une vie digne des meilleures fictions. Simon Istolainen a eu bien raison de croire en Kheiron et surtout à son talent de raconteur d’histoires.

C’est une magnifique déclaration d’amour de Kheiron à ses parents que ce film dans lequel il joue le rôle de son père. Sa mère est incarnée par Leïla Bekhti, toujours parfaite, toujours juste. Raconter la lutte contre le régime du Shah d’Iran, en mêlant le rire à une réalité des plus tragiques a été un tour de force qui fait le sel et la réussite de ce film. Raconter sur un mode sérieux et triste des événements en eux-mêmes douloureux n’aurait pas le même impact. Comme le dit Kheiron, ses parents n’auraient pas reconnu leur histoire si elle avait été racontée sans cette distance de la dérision qu’eux-mêmes pratiquent, usant du rire comme une arme d’auto-défense.

Avec un sens du rythme et de l’ellipse, le film va vite et brasse la chute du Shah, la fuite de l’Iran devenue république islamiste et l’arrivée dans une cité parisienne où les petits loulous menaçants sont de la gnognotte par rapport aux geôliers des prisons du Shah. Consultés par leur fils, Hibat et Fereshteh ont apporté leurs souvenirs de cette jeunesse tumultueuse qu’ils ont vécue et le moindre détail, jusqu’aux vêtements - la manière dont les femmes portaient le voile sous Khomeiny - a été respecté. Hibat a conseillé son fils sur la manière dont il devait jouer les scènes de torture dans la prison où il a passé plus de 7 ans, mais la distanciation par le rire sauve de tout pathos. La présence d’un frère cleptomane, le dialogue irrésistiblement drôle qui s’échange, et surtout la raison pour laquelle Hibat a passé du temps au mitard – il n’a pas voulu manger du gâteau d’anniversaire du Shah – élèvent ce film au rang des grandes comédies. Plus tard, à la cité de Stains où il force le respect, les rumeurs vont bon train sur le fait qu’il aurait ou non mangé du gâteau de chats !

Hilarant et émouvant à la fois, Nous trois ou rien, ne néglige pas de beaux moments comme le passage en Turquie à travers la montagne ou bien la cérémonie de mariage des parents. Un hommage est rendu aux femmes, à leur force, leur courage, leur détermination. Elles sont loin du cliché des femmes orientales opprimées. Et dans la cité parisienne, elles n’ont pas froid aux yeux non plus ! Nous trois ou rien est un film joyeux et optimiste, qui rend grâce au pouvoir de la résilience et de l’envie de vivre et de se battre au nom de la liberté. Tout à fait salutaire donc !

Retour à l’accueil
— Qui suis-je ?
— Questions réponses
— Biographie, mode d’emploi
— Un biographe à votre écoute
(les bienfaits de l'autobiographie)
— Écrivain public ?
— Autres prestations
— Extraits (autorisés)
— Ce qu’ils en ont dit
— Publications d’Elsa Nagel
et revue de presse
— Mes coups de cœur
— Critiques de livres
— Critiques de films
Adresses et liens